Le numérique représente 3,4% des émissions de gaz à effet de serre.
- francknegro1900
- 4 févr.
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Dernière mise à jour : 18 sept.
Une étude publiée par Green IT, un collectif créé en 2004 qui fédère un ensemble d’experts engagés dans la promotion de la sobriété numérique, du numérique responsable, de l’écoconception de services numériques et de la "slow tech", a évalué à 3,4 % la part des émissions de gaz à effet de serre générées par le numérique. Cela correspondrait, par usager, à un trajet de 3 500 kilomètres en voiture, ou encore à 40 % du budget carbone annuel que chacun devrait respecter afin de maintenir le réchauffement climatique en dessous de +1,5 °C, conformément à l’Accord de Paris sur le climat du 4 novembre 2016.
L’étude distingue deux grands postes d’émissions : d’une part, les réseaux de télécommunication et les centres de données, qui représenteraient environ 50 % des émissions (fabrication et usage inclus) ; d’autre part, les appareils électroniques utilisés par les particuliers et les professionnels. Si la fabrication de ces appareils représente environ 15 % des émissions globales de GES, près de 40 % sont liés à leur usage.
Ces chiffres doivent toutefois être nuancés en fonction du mix énergétique propre à chaque pays, et notamment de la source primaire d’électricité utilisée. En France, par exemple, "la production d’électricité génère environ huit fois moins de gaz à effet de serre qu’en moyenne mondiale", souligne l’étude, en raison du poids du nucléaire dans le mix. Une enquête de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), publiée en janvier 2022, indique ainsi qu’environ 65 % des émissions françaises liées au numérique proviennent non pas de l’usage, mais de la fabrication des appareils. Dans ce contexte, la contribution de la France à la réduction des émissions de GES passerait davantage par l’allongement de la durée de vie des équipements, voire par une diminution du nombre de terminaux, alors que d’autres pays devraient concentrer leurs efforts sur la décarbonation de leur production d’électricité. Quelles que soient ces différences nationales, l’enjeu principal demeure celui des usages, l’association Green IT incitant les citoyens à privilégier la sobriété numérique, par exemple en réduisant leur consommation de vidéos en ligne.
L’étude attire surtout l’attention sur l’impact environnemental de la consommation massive de métaux et de minéraux, qu’elle place en tête des effets néfastes du numérique. Elle souligne également le risque lié à l’épuisement progressif de ces ressources, avec la menace de ne plus pouvoir produire, à terme, les appareils électroniques pourtant devenus « indispensables à notre civilisation », comme le rappelle Frédéric Bordage, fondateur de Green IT.
D’où une série de questions cruciales pour les responsables politiques comme pour les grandes multinationales, principalement américaines, chinoises, taïwanaises et sud-coréennes : comment sécuriser l’approvisionnement en ressources et réduire au maximum la dépendance géopolitique ? Comment anticiper un accès de plus en plus difficile à ces matériaux, qui se traduirait par une hausse des coûts d’extraction et, en conséquence, du prix des terminaux ? Existe-t-il des alternatives crédibles aux métaux spécifiques et terres rares sur lesquels repose la révolution numérique – y compris celle de l’intelligence artificielle – et dont la matérialité devient chaque jour plus manifeste ?

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