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Stargate et le moment DeepSeek.

  • francknegro1900
  • 22 janv.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 18 sept.

Le 21 janvier 2025, le nouveau président américain, Donald Trump, tout juste rentré en fonction, a dévoilé, en direct de la Maison-Blanche, un projet nommé "Stargate", comprenant 500 milliards de dollars d’investissement sur quatre ans, dans le but de construire les infrastructures nécessaires (data centers et systèmes énergétiques les alimentant) pour continuer à avancer dans la course à l’IA que les États-Unis mènent contre leur ennemi déclaré : la Chine. Le projet est principalement porté par le concepteur et éditeur de ChatGPT, la société OpenAI, le leader des bases de données, Oracle, et la société d’investissement japonaise SoftBank, qui aurait déjà investi 100 milliards. Sont également associés au projet l’éditeur de la plateforme de Cloud Computing Azure, Microsoft, ainsi que le fabricant de processeurs graphiques (GPU), Nvidia.

 

Cette annonce est à rapprocher naturellement de la volonté de Donald Trump, annoncée lors de son discours d’investiture, de "forer, forer". Il décrétait ainsi « l’urgence énergétique nationale » et rappelait que les États-Unis disposaient de la plus grande quantité de pétrole et de gaz au monde. Il rappelait surtout que la course à l’innovation en matière d’IA, qui est un facteur de puissance certain pour les années à venir, allait entraîner en retour une explosion de la demande d’énergie que la transition énergétique ne suffirait certainement pas à combler.

 

Sans parler de la révocation, passée presque inaperçue, du décret de Joe Biden adopté le 30 octobre 2023, lequel visait à établir un cadre pour le développement et l'utilisation sûrs, sécurisés et fiables de l'intelligence artificielle aux États-Unis. Innovation First !

Et voilà que, d’un seul coup, une start-up chinoise venue de nulle part, du nom de DeepSeek, a fait perdre 600 milliards de dollars de valorisation boursière (soit 160 % de la capitalisation boursière de LVMH) en une journée. La raison : la société aurait développé un modèle aussi performant que ceux édités par les leaders américains (OpenAI, Google), mais bien moins gourmand en puissance de calcul, et donc moins énergivore, plus rapide et moins cher à développer. Selon ses concepteurs, les coûts d’entraînement de son modèle ne dépasseraient pas 5,5 millions de dollars et auraient nécessité deux mois de calcul sur 2 000 puces Nvidia H800, contre 100 millions de dollars pour GPT-4 (facteur 18). Sans compter les 5 milliards de dollars de coûts annuels dépensés par OpenAI en puissance de calcul pour faire tourner son modèle, alors que la société chinoise annonce des coûts par requête vingt-sept fois moins chers.

 

Depuis le 20 janvier 2025, date à laquelle la start-up fondée par un patron de hedge fund (fonds d’investissement spéculatif), Liang Wenfeng, a révélé son IA au monde entier, DeepSeek est non seulement au cœur de la stratégie politico-industrielle du Parti communiste chinois (PCC) et de son président Xi Jinping, mais a également été intégrée à des applications chinoises phares comme WeChat, de la société Tencent, ou le moteur de recherche Baidu, qui avait pourtant développé son propre LLM baptisé Ernie, en 2023.


En plus de chercheurs de talent et de cursus universitaires de plus en plus nombreux qui forment à l’intelligence artificielle, la Chine peut en effet s’enorgueillir, malgré une chute de sa natalité depuis de nombreuses années, d’un poids démographique de tout premier plan, mais également d’une pénétration forte de l’usage du numérique dans la vie quotidienne de ses citoyens. Sans oublier de mentionner, évidemment, un appareil industriel ainsi qu’un pouvoir central qui a la capacité d’imposer, aussi bien aux entreprises publiques qu’aux institutions, l’adoption massive de l’IA en s’appuyant sur ses champions du numérique, dont DeepSeek fait désormais partie. De quoi pallier la morosité ambiante due à la chute de l’immobilier, au ralentissement de la croissance (avec toutefois des prévisions à 4,5 % en 2025 par rapport à 2024), à une demande intérieure qui demeure fragile, et aux menaces de protectionnisme de la part du gouvernement américain.

 

De là à conclure, comme le fait l’universitaire américain Gary Marcus, qu’OpenAI "pourrait un jour devenir le WeWork de l’IA", c’est peut-être aller un peu vite en besogne et céder au court-termisme. Je préfère (pour une fois) de loin les réactions de Trump, qui prend la nouvelle avec "philosophie libérale" : "Cela devrait être un signal d’alarme pour nos industries. Nous devons nous concentrer sur la compétition pour gagner, car nous avons les plus grands scientifiques… ".

 

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